Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ARCADICUM FOEDUS

ARCABICUM FOEDUS (' tiprxôwv r~ xotviv). -Les divers cantons de l'Arcadie, jusqu'à la bataille de Leuctres, n'eurent entre eux aucun lien politique. Ils étaient seulement unis par le souvenir d'une origine commune et des cérémonies religieuses. A cette époque et, probablement avec l'argent d'un sanctuaire commun, on frappa les monnaies les plus anciennes au nom des Arcadiens. Sur la v face est une tête de femme, Démétère ou Coré, avec la légende AFKAA19ON ; au revers, Zeus aëtophore, assis sur un trône et tenant un sceptre de la main gauche. Nous reproduisons ici (fig. 461) un spécimen de cette monnaie archaïque, conservé au Cabinet des Médailles, à Paris. Après la défaite des Lacédémoniens à Leuctres, en 371 av. J.-C., un parti puissant,àla tête duquel était Lycomédès, se forma dans l'Arcadie ; il demanda la fondation d'une ville pour servir de centre à la confédération et l'établissement d'un conseil commun, dont les décisions seraient obligatoires pour toutes les villes'. Ce plan fut réalisé avec l'aide et sous la direction d.'Épaminondas. On construisit une ville nouvelle, Mégalopolis, et on la peupla en y réunissant, en partie par force, les habitants de quarante villages (en 370) 2. Suivant une tradition rapportée par Plutarque, Platon envoya aux Arcadiens un de ses disciples, Aristonymos, pour rédiger leur constitution'. Aristote, dans son livre des HoAt'rEiat, avait examiné la aoiv3j 'AFxeo,v On a fort peu de détails sur la ligue arcadienne. Elle semble avoir eu un stratége commun, mais il n'est pas ARC 367 A RC certain que cette magistrature lût permanente 5. On connaît un peu mieux l'assemblée des Dix Mille, Muptar, ou du moins quelques-unes de ses attributions. Le mot piîptot ne paraît pas être un chiffre indéterminé, comme l'a cru M. Grote ; il désigne le nombre régulier des membres de l'assemblée. Les Dix Mille se réunissaient d'ordinaire à Mégalopolis, dans un édifice appelé (iouàeuKsjptov Ils décidaient sur les questions de paix et de guerre, sur les alliances, recevaient et envoyaient des ambassades' ; ils jugeaient les Arcadiens cités devant eux pour les fautes relatives à des fonctions publiques 8. Leurs décisions étaient valables dans toutes les villes de la ligue. Comme dans toutes les républiques grecques, les affaires étaient d'abord présentées à une assemblée beaucoup moins nombreuse, ouàtj. Le conseil des Arcadiens se composait des députés, appelés Szuiapyot et envoyés par les différents cantons. Chacun d'eux nommait cinq démiurges ; Mégalopolis en avait dix, les plus petits, seulement deux ou trois'. Pour qu'une proposition fût adoptée, il fallait qu'elle fût d'abord examinée par le conseil, présentée par lui aux Dix Mille et votée par l'assemblée. La confédération avait à son service une armée permanente. C'était un corps de 5,000 hommes d'élite appelés EPARITOI ; ils recevaient une solde régulière, fournie par une contribution dont chaque ville payait sa part. Ce corps d'armée servait à la fois, à l'extérieur, pour tenir tête à une attaque subite de l'ennemi, et, à l'intérieur, pour assurer l'exécution des décisions de l'assemblée ". Le conseil et les Dix Mille décernaient par un décret les titres de « bienfaiteur et proxène de tous les Arcadiens n Une monnaie commune était frappée au nom des Arcadiens. Le Cabinet des Médailles en possède plusieurs exemplaires fort beaux: c'est l'un d'eux qui est ici reproduit (fig. 409.). La face représente une tête de Zeus barbu, couronnée d'olivier sauvage. Le personnage assis sur un rocher est Pan, le dieu national de l'Ar adie, caractérisé par le pedum et la syrinx, qui est à ses pieds. Les lettres OArl gravées sur le rocher indiquent qu'il représente le mont Lykaion, que les Arcadiens appelaient aussi "Oàug,°xoç. Sur cette montagne étaient deux sanctuaires vénérés de Pan et de ZeusLykaios 12. Dans le champ, sontles lettres IR, monogramme des Arcadiens. Les cantons et les villes, en dehors des questions générales de paix et de guerre, conservaient leur autonomie; elles avaient leurs magistrats, leurs assemblées, frappaient monnaie et nommaient desproxènesparticuliers.Desinscriptions assez nombreuses prouvent le fait pour la ville de Tégée 15, La confédération fut presque toujours divisée; dès les premières années, il fallut employer la force des armes pour retenir les habitants transportés à Mégalopolis; les villes se partagèrent entre les Lacédémoniens et les Thébains ; plus tard, les unes tinrent pour Sparte, les autres pour la ligue achéenne et les Macédoniens; des tyrans s'établirent dans plusieurs cités, et notamment à Mégalopolis. Enfin, après la défaite de Cléomène, la confédération arcadienne semble s'être dissoute, et les villes qui la composaient s'agrégèrent à la ligue achéenne P. Four SOT,